Plus de 1100 Milles pour rejoindre les Açores en solitaire. A bord d’Olbia avec Christian Chalandre

Les Açores, c’est La Bretagne ou l’Ecosse, mais avec une température de 22 à 27 degrés. Des nuages, même un peu de pluie pour rincer le pont. Et surtout des gens extrêmement sympathiques. On vit sur une autre planète. Tout le monde dit bonjour, te sourit, s’arrête dès qu’il te voit au bord du trottoir. Au bureau du port, tu passes par trois bureaux. Mais ils sont tellement sympathiques que tu pourrais y passer la matinée. En plus, ils parlent français, ce qui m’arrange bien, car les langues ce n’est pas mon fort !

En ce début d’été, Christian a rallié les Açores. 1120 milles effectués en solitaire avec un temps très musclé sur la première moitié du parcours. Récit :

Lundi 10 juillet, Christian quitte Douarnenez à 7 heures (certains noteront que les marins sont matinaux quand ils prennent la mer !). La météo n’est pas fameuse, mais il faut bien partir un jour ! Il navigue plein ouest pour passer au nord de la chaussée de Sein et ajuste ses voiles en fonction des conditions météorologiques qui se dégradent.

« Je passe au nord de Tévennec et en profite pour rouler le génois, envoyer le solent et prendre 2 ris. Un dauphin m’accompagne vers la sortie. Arrivé à la bouée de la chaussée de Sein, la mer devient mauvaise. Dans l’après-midi, je prends le troisième ris.« 

La mer est forte avec un bon 6 de sud. Près serré donc mais cap direct sur Punta Delgada, au 240°.

Mardi et mercredi, les conditions sont instables, entre nuit calme et mer très forte.

Le 12 juillet à midi, Olbia atteint la latitude de cap Finisterre et se dégage de la route des cargos… et de celle des orques naufrageurs de voiliers le long de la péninsule Ibérique.

Jeudi 13 juillet :

« Dans la nuit, le baro commence à chuter et à midi, je me retrouve avec le solent et trois ris dans une mer très formée. Une pièce du régulateur est dessoudée. Je mets à la cape et je démonte la pale et l’aérien. A 17 h le baro sonne gentiment et m’affiche avis de vent frais : je commençais à m’en douter ! Dans la soirée, j’affale le solent et on continue à la cape courante sous GV à trois ris à 2-3 nds. »

A terre, en Bretagne, le coup de vent est violent. On s’inquiète un peu et on espère que Christian n’est pas trop dans la tempête : il y était !

Vendredi, le vent se calme progressivement, mais la houle persiste et le pilote presque neuf fait des siennes. « C’est mon vieux 4000 GP Raymarine qui prend la relève. Il se comporte très bien, il en a fait des milles celui-là ! »

En fin de nuit Christian peut renvoyer le solent avec deux ris dans la GV. Et toujours un bon 6 au près et une mer forte

Samedi 15, le vent faiblit. Longue houle de 2-3 mètres de creux. Olbia est exactement à mi-parcours. Petit appel à terre avec l’irridium pour rassurer Marie-Christine, sa femme.

Dimanche, c’est le début de vacances. Il y a du soleil, il est enfin temps de quitter les cirés et les bottes. Navigation tranquille sous génois.

A partir du lundi 17, le vent, malheureusement, disparait. Jusqu’à l’arrivée Christian va maintenant naviguer entre voiles sous les petits grains et moteur. « Je suis bien content de ne pas être en course ! »

Jeudi 20 juillet :

« Pas un souffle de vent. Grand beau temps. A midi, 9 jours après avoir perdu la terre de vue au large de Sein, Sao Miguel est visible dans l’étrave à 40 milles. La VHF et l’AIS se réveillent. Deux bateaux de pêche naviguent non loin de nous ».

Le vendredi à 0h40 UTC, Christian atteint sa destination et amarre Olbia à Ponta Delgada.

Alors Christian, quel bilan ?

« Une première moitié mouvementée, une deuxième très calme (50 heures, soit 250 milles au moteur, le quart de la route. Je n’ai heureusement pas utilisé le moteur la première moitié, car l’éolienne était largement suffisante pour entretenir les batteries. Le tout au près, éventuellement légèrement débridé. Le spi est resté bien au fond dans son coffre.

C’est quoi le H sur les cartes ? Ah oui High pressure. L’Anticyclone des Açores. On peut dire qu’il fait son boulot !

Voilà, je vais rester dans ce Paradis un mois. Mon épouse me rejoint vendredi et nous allons vagabonder dans ces Îles, que je connais un peu, c’est la 9ème fois que j’y traine ma quille. »

Bonnes vacances au paradis pour Christian et Marie-Christine et bonnes navigations estivales à tous,

Amitiés marines,

Jeanne

Catégories :En mer

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